Comme autrefois Saigon,
Comme bientôt Bagdad,
Ils ont quitté Kaboul.
C’était écrit.
En 2003, lors de l’invasion de l’Irak, dans un long poème qui fera partie du recueil «Quatrains en déshérence» (à paraître prochainement aux éditions Leaders), le poète, prémonitoire, avertissait. Extraits:
J’ai aimé Hemingway et je sais discourir
Sur le rêve et la longue insomnie d’Amérique,
Sur le Dieu qu’elle exalte et qui la fait courir.
Et Bagdad de payer la dîme évangélique.
Ils ne savent rêver que périls et barils,
Ces baroudeurs en mal de rade et d’algarade,
Demandez-leur, par pur hasard, que savent-ils
Du pays d’Astarté et de Schéhérazade ?
L’Afghanistan survit. Magnanime, la guerre
Y laisse intacts l’opium du peuple et le pavot.
L’une et l’autre richesse, en ces lieux de misère,
Sont souvent détenues par le même dévot.
Vous aurez la moisson d’un sinistre labour,
Vous, qui avez la mort pour unique point d’orgue.
Sans jeu de mots, le cœur n’est pas au calembour,
Rentrez chez vous, laissez votre morgue à la morgue !